Donner toutes ses chances au C.E.


Si Le comité d’entreprise a un rôle « important » dans la gestion de l’entreprise, en a-t-il vraiment les moyens ?

Le législateur a certes donné au Comité d’entreprise une responsabilité particulière pour tout ce qui est décision ayant des conséquences sur les emplois mais il n’a presque rien prévu pour préparer les élus à cette responsabilité à nulle autre pareille.



Les attitudes du comité d’entreprise

Selon la culture interne et la représentation salariale le comité d’entreprise adopte un des modes de fonctionnement suivants :

- L’alignement (grosso modo il entérine les décisions de la direction au nom de la loyauté et /ou du consensus).
- L’opposition (souvent présent dans le secteur industriel il consiste à s’opposer au patron et à croire ou faire croire que la mobilisation contre le projet de « restructuration » paiera.
- Le partenariat au sens noble du terme (vise à élaborer des solutions qu’aucune partie n’avait initialement prévu mais qui peut fédérer une majorité de salariés)

Si l’alignement est vite sujet à caution lorsque la situation sociale se tend, la stratégie d’opposition n’est pas non plus une panacée car elle porte en elle le germe de la radicalité et ne garantit pas le résultat.

Combien de restructurations se sont faites malgré les oppositions plus ou moins musclées au sein du comité ou à l’extérieur?
La 3° voie celle du partenariat est plus prometteuse et proche de l’esprit de la loi.


Les fondamentaux qui manquent aux élus

Partenaires, pourquoi pas mais les partenaires sont ils à «armes égales» ?

En effet qu’est ce qui prépare nos élus, syndiqués ou pas, à dialoguer avec la direction sur le fond :
- les données de gestion : charges, marge bénéficiaire, investissements, provisions…
- la stratégie : consolidation, synergie, avantage compétitif, …

Des mots qui parlent à des diplômés d’ESC ou d’IAE mais beaucoup moins à des élus souvent issus des populations de techniciens ou de cadres intermédiaires.

Et aussi sur la forme comment se retrouver en face de directeurs en situation plus ou moins stressante et développer une communication efficace ?
A moins d’être un communiquant de métier c’est un véritable challenge pour les élus d’exister face à des « professionnels de la com. » que sont les managers.
Se former à l’exercice de la communication orale devient donc un préalable.

L’art de la négociation

Se faire une opinion précise sur la situation économique et financière, savoir exprimer ses idées c’est nécessaire mais certainement pas suffisant pour jouer pleinement son rôle au CE (comité d’entreprise).

Le face à face impose à chacun de progresser dans l’art de la négociation.

Si comme le disait Richard Nixon il faut « toujours être prêt à négocier mais ne jamais négocier sans être prêt « la préparation devient essentielle à la réussite du dialogue surtout du point de vue des élus qui n’ont pas les mêmes facilités.

Apprendre à travailler en équipe autour du secrétaire est potentiellement une des clés du succès de la nouvelle mandature :
à certains le travail de fourmi pour compiler les informations, à d’autres la synthèse et la préparation de la stratégie de négociation et enfin aux derniers la contribution directe en réunion plénière : Le « teambuilding » n’est pas loin mais pratiquement jamais utilisé au sein du CE.


Conclusion

Les 5 jours de formation économique, sociale et syndicale prévus par la loi et destinés entre autres aux élus du CE sont bien insuffisants tant les challenges sont nombreux pour assumer ce rôle passionnant mais exigeant.

Le législateur serait fondé à obliger l’entreprise à prendre en charge ces cinq jours de culture économique et sociale, charge au CE de compléter par 5 autres jours d’entrainement et de mise en œuvre aux techniques d’analyse et de négociation.
Un pari audacieux pour que les élus soient plus en confiance et adoptent plus volontiers le mode partenarial.
Il ne vous reste plus qu’à vous faire élire !